samedi 20 juin 2009

Audrey Pulvar quitte France 3 pour i>Télé

Le site de Libération Ecrans révèle ce vendredi que la présentatrice du 19-20 de France 3, Audrey Pulvar, s'apprête à signer un contrat sur la chaîne d'info i>Télé (groupe Canal+). La journaliste, âgée de 37 ans, aux mannettes du JT de la Trois depuis quatre ans, a confirmé l'information à Télé89.

Très appréciée du public et de ses confrères de la chaîne, Audrey Pulvar avait eu un échange musclé avec Nicolas Sarkozy lors d'une fameuse interview du Président, le 30 juin 2008, à propos des clandestins. Elle revient sur cet épisode dans le documentaire « Sarkozy, vampire des médias », diffusé récemment sur la télévision suisse TSR.

Selon Libération, le départ de Pulvar de France 3 n'est pas du tout accepté en interne, où l'on parle de « gâchis ». Un anonyme déclare au quotidien :

« C'est politique. Patrick de Carolis veut être reconduit par Sarkozy après la fin de son mandat en 2010. »

Dans un communiqué, le syndicat national des journalistes de France 3 se demande « pourquoi la direction de France Télévisions a-t-elle gardé le silence sur l'étude d'image menée sur le 19/20 et dont les résultats sont connus depuis plusieurs semaines ? »

Ladite étude, « dont seule la synthèse a été communiquée en interne », établit que

« sur le national, Audrey Pulvar apparaît clairement comme un point fort du journal. Elle est appréciée par 88% des téléspectateurs ».

Le SNJ exige donc des explications de la direction de France Télévisions :

« Dans un contexte où les menaces de fusion des rédactions de la 2 et de la 3 ont refait leur apparition, le silence de la Direction sur les excellents résultats de cette étude prend des allures de véritable censure.

Une dissimulation qui conduit à penser que le départ de celle qui présentait le 19/20 depuis 4 ans arrange une Direction préoccupée par son seul souci de donner des gages à l'Elysée pour obtenir le renouvellement de son mandat en 2010.

Le SNJ exige de la direction de France Télévisions qu'elle s'explique sur cette
rétention d'information. »

Mis à jour le 19/6 à 18h58 avec le communiqué du SNJ.

lundi 15 juin 2009

Omar Bongo, Elf et la France : le pacte de corruption

Albert Bernard Bongo, Omar Bongo, Omar Bongo odimba, El Hadj Omar Bongo, les dollars du pétrole gabonais et les financements de partis français… Des faits malgré les dénégations.

Omar Bongo, corrupteur ? Le Gabon, émirat pétrolier ? Les campagnes électorales financées par des fonds africains ? Vous n'y pensez pas bonnes gens ! Face aux dénégations multiples des hommes politiques, de Jacques Chirac à Nicolas Sarkozy, en passant par le timide Parti socialiste, Rue89 exhume quelques courriers du Vieux sage, époque Elf-Aquitaine. Souvenirs, souvenirs…

Le « protocole Guillaumat » des années 1970

Le pacte de corruption date des années 70 et s'appelle le « protocole Guillaumat ». Du nom de ce grand commis de l'Etat, homme du renseignement, nucléocrate et surtout architecte de l'empire pétrolier tricolore. Conséquence directe des chocs pétroliers qui ont vu de petits états africains devenir en quelques mois des magnats de l'or noir, le système consiste à rendre opaques les revenus du pétrole pour alimenter les caisses noires du chef de l'Etat.

Il existe alors trois mécanismes distincts :

  1. les « bonus » versés dans la phase exploratoire de la recherche pétrolière, jusqu'à plusieurs dizaines de millions de dollars par an ;
  2. les « abonnements », soit la part prélevée sur chaque baril de brut commercialisé, environ un dollar par baril ;
  3. les « préfinancements », prêts gagés sur la production à venir, avec la caution d'Elf, sur lesquels sont prélevés de 1 à 3% de commissions en jouant sur des différentiels de taux d'intérêts.

Un système inventé par les Saoudiens et récupéré par Bongo

Précision : ce système n'a été inventé ni par les Français ni par Omar Bongo, mais par le grand ministre du pétrole saoudien que fut le Sheikh Ahmed Zaki Yamani. Le président du Gabon va avoir l'intelligence c'est selon...) d'adapter à son petit pays ce grand système de corruption internationale.

Ainsi, dans les deux premières lettres de 1987 et 1991 que nous dévoilons, le président Bongo fixe pour Elf Gabon le montant de l'abonnement :

« Nous vous autorisons à verser à votre société de commercialisation ELF TRADING S.A. la somme de US dollar 1 par baril produit au Gabon par vos sociétés ELF GABON et SNEA. Ces versements, qui se feront sur une base trimestrielle, sont des charges déductibles (un dollar/baril). »

Cet argent est ensuite reversé sur le compte personnel d'Omar Bongo à la Fiba (Banque française intercontinentale), la banque partagée par la famille Bongo et Elf, ou à une Anstalt (société offshore) au Lichtenstein. Pourquoi le Lichstentein ? Claude Gosselin, chargé de la comptabilité occulte d'Elf, répond ainsi aux juges qui enquêtent sur le groupe pétrolier :

« Parce qu'il s'agit d'une tradition initiée de longue date, qui a donné entière satisfaction aux bénéficiaires par son opacité et ses secrets. »

L'argent de la corruption est défiscalisé en France

Détail : l'argent de la corruption est défiscalisé, tant au Gabon qu'en France, comme en atteste l'instruction N°1 -non datée- signée par Philippe Jaffré, nouveau président balladurien d'Elf à partir d'août 1993.

Le fonctionnement de la caisse noire gabonaise est très codifié. Il concerne une poignée d'hommes au sommet de la direction d'Elf, où le « monsieur Afrique » André Tarallo, joue le rôle de grand argentier :

« M. Tarallo reçoit les instructions des présidents du Gabon et du Congo et, pour leur exécution, adresse à M. Gosselin une note signée de lui. M. Gosselin procède alors au versement des fonds aux bénéficiaires désignés qui ne doivent en aucun cas être des résidents français. »

Rien n'empêche les « bénéficiaires » de reverser leurs pots-de-vin à qui ils veulent… Notez qu'en 1993, le président du Congo est Pascal Lissouba, le tombeur de Denis Sassou N'guesso qui reviendra au pouvoir en 1997.

Un système privatisé à partir de 1994

Fort de la réussite de ce système, Omar Bongo décide de « privatiser » le système en déléguant à deux hommes de confiance la responsabilité de la « gestion du compte dans lequel seront versés les frais commerciaux ». Le premier est André Tarallo qui, tout en conservant la fonction de président d'Elf Gabon, a quitté la direction d'Elf. Le second est son conseiller personnel pour les affaires pétrolières, Samuel Dossou Aworet.

Au même moment, le 13 décembre 1996, il écrit à Philippe Jaffré pour confirmer le montant des « abonnements » négociés :

« Nous vous confirmons que les montants qu'il convient de prélever pour les frais commerciaux sont d'environ dix millions de dollars US par trimestre. »

Enfin, dans un dernier courrier non daté mais postérieur aux deux autres, le président du Gabon donne pour instructions à ces missi dominici de liquider « Elmora, Versima, Ferana », trois de ses « Anstalten » personnelles.

La curiosité persistante des magistrats de l'affaire Elf, en particulier celle de Renaud van Ruymbeke qui a décortiqué l'audit financier du juge suisse Paul Perraudin, va les conduire à perquisitionner la Fiba, avenue Georges V. La banque est cambriolée quelques jours plus tard, puis fermée au bout d'un mois. Toutes les archives ont été nettoyées. Trop de noms sur les bordereaux de compte…

A Suivre....